Journées d’études sur la désertification et le développement durable

Biskra : 10-12 juin 2006

    Le CRSTRA et l’Université Mohamed Khider de Biskra organisent du 10 au 12 juin:
« des Journées d’études sur la désertification et le développement durable ».
Des communications et des posters ont été présentées.
De nombreux participants sont intervenus et des invités de marque ont participé

Des ateliers ont été organisés sur les thèmes suivants :
ATELIER I
L’écosystème steppique et sa protection
ATELIER II
Optimisation de l’exploitation des ressources hydriques
ATELIER III
Agriculture en milieu aride pour un aménagement durable

Recommandations Générales

   Les Journées Internationales d’Etudes sur la Désertification et le Développement Durable, tenues du 10 au 12 juin 2006 à l’Université de Biskra, ont regroupé plus de 150 participants nationaux et internationaux (voir en annexe la liste).
Elles sont organisées par le CRSTRA et l’Université Mohamed Kheider de Biskra.
Les participants présentent les recommandations suivantes :

    1 - Les processus d’aridification et de désertification doivent être considérés comme « Risques Majeurs » et pris en compte dans l’ensemble des programmes de prévention contre les risques, développés aux niveaux national, euroméditerranéen et international.

    En effet, comme le souligne Hama Arba Diallo, Secrétaire Exécutif de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD), " la dégradation de l'environnement a un rôle à jouer, tant dans les affaires de sécurité nationale que pour la stabilité internationale ".

   Or, la désertification est l'un des processus les plus alarmants de la dégradation du milieu ; elle accroît les risques d'insécurité alimentaire, de famine et de pauvreté et peut donner lieu à des tensions sociales, économiques et politiques susceptibles de dégénérer en conflits.

    Chaque année, la désertification et la sécheresse infligent à la production agricole une perte estimée à 42 milliards de dollars. Quelques 41 % de la partie terrestre de la planète consistent en terres arides, sur lesquelles vivent plus de deux milliards de personnes. Dix à 20 % de ces terres sont : soit dégradées, soit improductives.

    L'envergure du problème a conduit l'Assemblée Générale des Nations Unies à proclamer 2006 Année internationale des déserts et de la désertification. L’Année vise essentiellement à sensibiliser sur le fait que la désertification constitue une menace majeure pour l'humanité : menace encore alourdie par la perspective du changement climatique et de la déperdition de la biodiversité.

    Ce fléau constitue, pour les hautes instances du pays, une préoccupation majeure, aussi bien à l’échelle nationale, qu’africaine. Elle figure d’ailleurs en bonne place dans la stratégie du NEPAD.

    2 - À ce titre, un certain nombre de mesures sont nécessaires pour impliquer plus efficacement le CRSTRA dans cette problématique, en particulier la formation des cadres.

Objectifs : Formation pluridisciplinaire professionnalisante, niveau Bac+4 : Mastère. (1 année) : « conseiller pour le Développement Durable en Milieu Aride ».
  • Cours magistraux : 200 heures sur 3 mois,
  • Stage 6 mois sous la tutelle d’un Maître de stage, dans l’Administration, Collectivités Territoriales, entreprises, laboratoires de recherche avec en parallèle 100 Heures de cours.
  • Préparation, rédaction d’un mémoire et soutenance orale devant un Jury.
Cadre:
  • Centre de Recherche Scientifique et technique sur les Régions Arides : CRSTRA.
  • Université Mohamed Kheider de Biskra.
  • Création d’une Commission Mixte pour favoriser les débouchés professionnels :
    • CRSTRA,
    • Université Mohamed Kheider,
  • Représentants secteurs professionnels : secteurs public et privé.
  • Coopération avec un Réseau d’Etablissements d’Enseignement Supérieur et de Recherche Algériens, Maghrébins, Européens.

Calendrier proposé:
  • Juillet 2006 - Novembre 2006 : Préparation du contenu de la formation, élaboration de la politique relative aux stages : recherche de financement, etc.
  • Décembre 2006 - Préparation du dossier IMDA, mise au point de la politique de financement de la phase de préparation et de mise en œuvre.
  • Février 2007 - Présentation du Projet IMDA aux autorités algériennes pour approbation et éventuelles modifications.
  • Mars 2007 - Mise en œuvre d’une politique d’information sur l’initiative IMDA et élaboration des conditions d’inscription.
  • Septembre 2007 - Lancement de la Formation.

   3 - Outre la formation, il convient de renforcer la recherche et le développement dans les régions arides. Dans ce contexte, considérant les récentes déclarations de Monsieur le Président de la République dans ses Discours prononcés à Ouargla et à Laghouat, il est proposé la création de deux Technopoles Régionaux sur les thèmes :
  • Valorisation des ressources en régions sahariennes.
  • Valorisation des ressources en milieu steppique.
   4 - Les participants ont tout particulièrement tenu :
  • à souligner l’importance, sur le plan scientifique, économique et social, des thèmes, discussions et propositions développés au cours des Journées sur la désertification et le développement durable,
  • à demander le renforcement des capacités d’intervention du CRSTRA, après avoir pris connaissance et approuvé le contenu des programmes de recherche du CRSTRA.
   5 - Les participants tiennent à féliciter le CRSTRA, l’Université de Biskra et les Autorités locales de l’initiative d’organiser à Biskra les « Journées », sur le thème de la « désertification et du développement durable », ainsi que de l’excellente organisation et de la haute tenue scientifique et technique des débats.

 

Recommandations Générales par Atelier

ATELIER I

Les communications présentées dans cet atelier se sont distinguées par leur richesse et leur diversité et ont fait ressortir la nécessite de la préservation des écosystèmes pour un développement durable en zones steppiques et sahariennes.

Ces communications ont montré aussi les difficultés en matière de conservation de la biodiversité. Il a été souligné de faire appel à la recherche scientifique qui doit être à la base du progrès.

La mise au point des techniques s`est avérée indispensable pour lutter contre les risques majeurs qui menacent la faune, la flore et même le milieu physique et par conséquent l`homme.

Des recommandations ont été proposées en matière de protection de la faune et la flore :
  • Faire le bilan des travaux effectués sur les écosystèmes en faisant ressortir les degrés de menaces qui pèsent sur les espèces et préconiser des mesures qu`il faut prendre pour les sauvegarder (plan de gestion nationale).

  • Poursuivre et encourager les études sur les processus naturels (climatiques, pédologiques et biologiques), afin de mieux comprendre les interactions et la dynamique de l`évolution dans l`espace et dans le temps.

  • Réactualiser et adapter la réglementation nationale en relation avec les conventions internationales (Convention de la biodiversité, Convention désertification et Convention sur le changement climatique).

  • Envisager le travail en équipe pluridisciplinaire en impliquant les populations locales. Harmoniser les approches et les méthodes d`études dans le but de mieux valoriser et appliquer les résultats obtenus.

  • Mettre en place un dispositif de surveillance nationale en matière de dégradations et de désertification, ainsi qu’en matière de réhabilitation.

  • En ce qui concerne les ressources génétiques, prendre toutes les mesures nécessaires afin de mieux les connaître de les préserver et de les valoriser.

  • Inciter, dans les programmes de développement, à l`utilisation rationnelle des ressources naturelles, en associant les populations locales, ainsi que les autres opérateurs, à toutes les phases de la conception et de la mise en œuvre de ces programmes.

  • Promouvoir les ressources humaines, et notamment la femme rurale, dans la préservation, l’exploitation et le développement agro-alimentaire des régions steppiques, qui prennent en considération la vocation agro-sylvo-pastorale de ces régions.


 

ATELIER II

Optimisation de l’exploitation des ressources hydriques

    Dans les zones arides, l'eau constitue une ressource éminemment stratégique pour le développement socio-économique. A cet égard, les participants à l'atelier relatif aux ressources en eau, et à l'issue de la présentation des communications et des débats engagés, formulent les recommandations suivantes :
  • Encourager les pratiques d'économie dans les différents usages de l'eau, et ceci à travers la limitation des pertes, la promotion des techniques alternatives et la lutte contre le gaspillage, par des actions d’information et de sensibilisation des usagers.

  • Utiliser rationnellement les ressources en eau dans leur cycle de production -distribution et d'assurer leur préservation qualitative. Dans ce contexte, toutes les énergies et toutes les initiatives doivent converger vers un objectif majeur de gestion durable, loin de toutes formes d'utilisation abusive des ressources en eau et des milieux aquatiques, à la fois, en termes de prélèvements et de rejets d'effluents.

  • Tenir compte du caractère pluridisciplinaire des sciences et des techniques de développement et de gestion des ressources en eau. La thématique de la recherche dans le domaine de l'eau doit être décloisonnée pour s'inscrire dans une stratégie nationale intégrée.

  • Recentrer la politique nationale, en matière de recherche scientifique et de développement technologique, sur des programmes et des passerelles d'échanges et de synergies, entre les centres de recherche, les institutions et l'ensemble des acteurs de l'eau et ceci, qu'il s'agisse d'expériences dans le domaine de la mobilisation et de l'utilisation des ressources en eau, ou de résultats des études prospectives, des recherches et d'expérimentations accumulées ces dernières années.

  • Traiter les effluents domestiques et industriels et utiliser les eaux usées épurées pour les besoins d'irrigation et les boues résiduaires pour l’agriculture.

  • Maîtriser les volumes exploitables dans les zones à fortes potentialités, telles qu'identifiées par les modèles mathématiques des nappes du Système Aquifère du Sahara Septentrional (SASS), et ceci en concertation avec les pays voisins concernés.

  • Utiliser les outils et les méthodes d'investigation modernes dans le domaine de l'hydrologie isotopique pour l'estimation précise des paramètres des bilans hydriques des nappes du Sahara (évaporation et infiltration) et pour le suivi de leur qualité chimique, de même que l'utilisation de l'imagerie satellitaire pour l'exploration hydrogéologique, qui permet de garantir un succès significatif des forages, grâce à la complémentarité avec les informations de terrain.

  • Valoriser les potentialités en matière d'énergie solaire photovoltaïque, d'énergie éolienne et de géothermique et ce, à travers le développement d'installations de pompage d'eau qui présentent des viabilités techniques, économiques et écologiquement appréciables.

  • Généraliser les nouvelles technologies de communication qui permettraient de mobiliser les savoir-faire accumulés au niveau national et international.


 

ATELIER III

Agriculture en milieu aride : pour un aménagement durable

   Il ressort des communications présentées les recommandations suivantes :

I- SUR LA BIODIVERSITE DANS LES OASIS
  • Les inventaires biogénétiques restent fragmentaires et nécessitent des efforts de standardisation des méthodes et des outils de diffusion

  • Pour les céréales : les écotypes évalués mettent l’accent sur l’importance des standards de référence. Ils orientent les critères de choix d’écotypes vers la recherche de la précocité et de l’adaptation aux contraintes environnementales.

  • Pour les palmiers dattiers : nous recommandons le regroupement et la valorisation des travaux sur ce patrimoine génétique propre au Sahara. Nous recommandons également la mise en œuvre de travaux de sélection de nouvelles variétés, visant à prendre, à moyen terme, la relève éventuelle de notre valeureuse Deglet Nour. Nous rappelons en outre, que le Bayoud reste un fléau qui nécessite la plus grande vigilance. Nous recommandons vivement l’éradication urgente des nouveaux foyers.

  • D’une manière générale nous recommandons un inventaire des espèces et des écotypes locaux (arbres fruitiers, plantes médicinales, plantes fourragères, etc.), en respectant les priorités et en valorisant les meilleurs biotypes.

II- SUR L’IRRIGATION – DRAINAGE
  • Les études actuelles montrent que le développement récent des zones irriguées a provoqué, un peu partout au Sahara, le gonflement des nappes phréatiques, la remontée des sels et l’asphyxie des sols. Cette évolution très rapide et spectaculaire, est à l’origine de la perte de productivité des différentes cultures irriguées et de celle de nos palmeraies en particulier, qui montrent une réduction de la production en quantité et en qualité.

  • Pour remédier à cette situation nous recommandons les actions suivantes :

    • Organiser auprès des producteurs une action généralisée de vulgarisation des techniques modernes de l’irrigation, visant à améliorer la gestion de l’eau à l’échelle de la parcelle.

    • Alerter les institutions responsables de la gestion de l’eau dans les périmètres irriguées, pour qu’ils accordent une priorité à la maintenance des réseaux, à la maîtrise des quantités d’eau exploitées, et à l’application rigoureuse des règles du lessivage et du drainage des sols en milieu salé.

    • Mettre un terme, autant que possible, à l’arbitraire dans le choix des nouvelles implantations des nouveaux périmètres irrigués. Il faut absolument tenir compte de la drainabilité des terres, de la qualité des sols et de l’évolution de la ressource en eau.

III- SUR L’ORIENTATION DES RECHERCHES AGRONOMIQUES EN MILIEU SAHARIEN

   Un des problèmes récurrents, qui explique la faible productivité des cultures, tient à une mauvaise fertilisation azotée et au taux très faible de la matière organique dans les sols.

   Toutes les recherches qui visent à l’amélioration de cette situation (fixation symbiotique de l’azote, compostage des matières organiques diverses, etc.) sont vivement encouragées.
Contactez nous par e-mail: crstra@crstra.dz crstra_biskra@yahoo.fr
Tél: 00213-33-52-20-90 / 00213-33-52-20-91
Fax: 00213-33-52-20-92
Adresse complète : Centre de Recherche Scientifique et Technique sur les Régions Arides C.R.S.T.R.A Compus Universitaire Universite Mohamed Khider, Biskra